Selon la légende, l’épaisse forêt d'Argan aurait été un lieu de culte des parfaits. Une vague de monstre en l’an 709 l’aurait envahi pour purifier la contrée disait les inquisiteurs. Selon le Ress, rédigée au début du IXe siècle, la forêt entre Salman et Fereas aurait été à l’époque un refuge pour où les premiers faucheurs qui se trouvaient pourchassés. Ce n’est qu’ensuite – le nombre de monstre augmentant – qu’ils se seraient peu à peu retirés de l'endroit pourtant si enchanteur.

La forêt d'Argan est réputée pour ses magnifiques cascades et ces arbres à feuille longue qui lui donnent ce caractère si charmant. Ce qui l'est moins ce sont les nombreuses créatures qui la peuple. Les plus dangereuses sortent des lagons lorsque le soleil ne perce plus la canopée.

La forêt n'est pas dépourvue d'habitants. Les plus chanceux des voyageurs savent situer avec précision les principaux villages de la forêt d'Argan qui sont pour la plupart des bâtisses fortifiées de chasseurs et parfois de magiciens en exil.

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"C'est en visitant l'un de ses dits village qu'il m'a été possible de comprendre une loi particulièrement singulière et dont je n'ai pas réussi à retrouver l'écho dans le reste des bourgades de Tadil. Les habitants de cette fôret d'Argan ne sont pas des barbares et respectent les lois du royaumes mais ils n'ont, à vrai dire pas souvent l'occasion d'entendre les nouvelles du reste du royaume. Comme me le rapportait le doyen du village, sauf lorsqu'il s'agit d'annoncer un nouveau souverain les gens sont très peu renseignés de ce qui se passe "là-bas".

Les gens d'Argan vivent sur les acquis des premiers bâtisseurs de ces villages. Il se sont donc accoutumés à un ancien livre de loi dans lequel il est écrit que les monstres doivent payer leurs crimes devant un tribunal populaire. Et comme la plupart des villageois ne savent ni lire ni écrire, ces gens font appel au doyen pour juger les accusés. L'autre jour la foule s'était rassemblée sur une sorte de vouivre, sans aile ni gueule de dragon et qui avait pourtant bien le cri d'un enfant. Après l'avoir foulé à maintes reprises, les gens l'ont amené au doyen qui a prononcé qu'elle devrait pour le meurtre du poulet qu'elle venait de dévorer, payer son crime en avalant comme une poule les petites pierres du sol jusqu'à ce qu'elle fasse le poids de la poule dévorée. Se doutant bien que la vouivre a demi consciente n'allait pas avaler d'elle même les pierres, les hommes lui ont enfoncé dans la gueule plusieurs grande poignées de cailloux et l'on ensuite relaissé partir. Je crois qu'elle s'est traîné une dizaine de mètre avant de mourir. Je ne peux m'empêcher de rire lorsque je revois ce serpent onduler comme un chien frotterait ses fesses tout en avançant sur ses deux pattes"

Extrait du récit d'Iolinçe, descendant des parfaits en exil.

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